Le gouvernement fédéral laisse tomber sa promesse d’accès universel
Le ministre fédéral et les ministres provinciaux et territoriaux responsables de l’éducation préscolaire et des services de garde à l’enfance se réunissent à Ottawa le lundi 12 juin prochain afin de signer et de rendre publique l’entente-cadre tant attendue sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants.
Parents et promoteurs de services de garde s’attendaient du gouvernement fédéral qu’il respecte sa promesse électorale de créer un programme national « pour veiller à ce que des services de garde d’enfants de haute qualité et à prix abordable soient offerts à toutes les familles qui en ont besoin ».
Toutefois, un document publié sur le site web du gouvernement du Manitoba révèle que l’accès universel n’apparaît pas dans les objectifs de l’entente de dix ans conclue entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux.
En fait, il semble que le cadre exige que les fonds fédéraux qui seront transférés aux provinces et aux territoires en vertu d’ententes bilatérales soient destinés aux seules familles le « plus dans le besoin ».
« Il est renversant de voir que le gouvernement libéral n’est pas prêt à faire de l’universalité un but à long terme et à utiliser son pouvoir de dépenser pour bâtir des réseaux de services de garde pour tous les parents », a dit Morna Ballantyne, directrice générale de l’Association canadienne pour la promotion de services de garde à l’enfance.
« Les données, la recherche et l’expérience internationale nous indiquent toutes qu’un programme ciblé ne peut pas atteindre les objectifs de développement souhaités pour tous les enfants sans égard à la situation sociale ou économique de leur famille. Et d’autant plus qu’une telle approche limitée n’aidera à peu près pas les parents qui cherchent désespérément des services de garde de qualité et abordables », a-t-elle soutenu.
L’Association canadienne pour la promotion des services de garde l’enfance est également très inquiète à l’idée que l’entente-cadre ne définisse pas de plan pour assurer l’égalité d’accès aux services de garde de qualité dans les différentes parties du Canada. Plutôt, l’annonce sur le site web du Manitoba indique qu’en vertu du cadre, les gouvernements provinciaux et territoriaux pourront procéder comme ils l’entendent et déterminer chacun leur calendrier de réalisation et leurs mesures de progrès.
« Nous n’avons jamais milité pour une approche uniforme en matière de services de garde au Canada et nous reconnaissons que l’organisation et la prestation des services relèvent de la compétence des provinces et des territoires. Il reste que le gouvernement fédéral a le devoir d’utiliser ses ressources financières pour s’assurer que tous les enfants ont accès aux meilleurs services de garde possibles, peu importe où ils vivent, » a dit Mme Ballantyne.
L’Association canadienne pour la promotion des services de garde l’enfance travaillera de concert avec ses nombreux partenaires à l’échelle du pays pour réclamer des modifications à l’entente-cadre.
« Le cadre et les ententes bilatérales de financement sont le résultat de négociations derrière portes closes sans rétroaction du public, du secteur des services de garde ou des nombreux autres groupes directement touchés par ce résultat, a dit Mme Ballantyne. Maintenant que l’information est au vu et au su de tout le monde, nous pouvons montrer ce qui ne fonctionne pas, et nous sommes convaincus qu’il y aura des personnes pour rectifier le tir ».